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L'arche de Kamadjan à Siby |
Depuis que je suis au Mali, je suis confrontée à une multiciplicité de noms d'appartenance ethnique : les gens se disent malinkés, mandingues, bambaras, mais moi je ne vois pas la différence, alors qu'elle était frappante entre les ethnies de Guinée. Je suis donc allée me promner en pays mandingue (et à l'Internet) pour en apprendre un peu plus.
Le Mandé est la province d'où est parti l'Empire du Mandé, sous l'impulsion de Soundiata Keita, plus connu sous le nom d'Empire du Mali, l'un des plus grands empires qui ait existé en Afrique. Le pays Mandingue englobe une partie sud du Mali et une partie de presque tous les pays voisins. Le Mali actuel doit son nom a cette région du Mandé. Le nom
malinké, veut dire venant du Mali, l'homme du Mandé, d'où sont originaires tous les groupes mandingues. Les Malinkés ont donné naissance à de nombreux groupes mandingues : Bmabaras, Soussous, Khassonkés, Diakhandé, Diaoulas. Je vous ai perdus? Ce n'est rien, je vous en reparlerai plus tard, après avoir lu le premier tome d'un livre intitulé Ségou, une saga de l'empire bambara de la ville du même nom.
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Maison du karité de Siby |
Siby est en plein pays Mandé, à une cinquantaine de kilométres de Bamako. Le gros village est connu de nous pour deux raisons. C'est là qu'est la Maison du karité, construite il y a quelques années par un groupe de jeunes stagiaires de l'école Polytechnique de Montréal (CIPO), dans le contexte d'un projet d'appui d'Uniterra. La maison est en fait une enceinte comprenant un ensemble de petits édifices abritant des unités de production de beurre de karité, de savons, d'entreposage et aussi une boutique de vente. Quand je suis arrivée, des touristes sortaient du magasin après avoir fait des achats. C'est dire que le projet fonctionne toujours et attire même les gens de Bamako la fin de semaine.
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Stockage de savons |
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Femmes productrices de karité |
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Amandes de karité |
L'autre raison de visiter Siby est pour sa cascade de Djenene et l'arche de Kamadjan. Ces deux sites se trouvent sur la falaise qui surplombe Siby et on y accède soit à pied soit en moto. La piste qui conduit à la cascade traverse de petits villages malinkés où les femmes s'activent à la lessive ou à la cuisine, tandis que les hommes sont aux champs ou à la chasse. Les Malinkés sont de fiers chasseurs regroupés en confrérie. Aujourd'hui, le petit gibier se fait plus rare, mais on croise encore des chasseurs magires et secs comme des oliviers, portant en travers de l'épaule un vieux fusil et une gibecière. Le sol est très pierreux et toujours de ce rouge qui caractérise bien des pays d'Afrique. Ce sol sec est propice à la culture de l'arbre à karité et au manguier qui s'étendent à perte de vue autour de Siby. Il y a aussi des champs d'arachides, de sorgho haut comme deux hommes, de pommes de terre et d'oignons...
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Parc d'arbres à karité |
L'arche de Kamadjan est en haut de la falaise et tient du miracle. Sous lui, une enfilade de grottes aux colonnes naturelles lisses comme du marbre par l'égouttement de la pluie servaient autrefois pour des rituels de divination selon un système très complexe. Aujourd'hui, on y vient pour la randonnée et la magnifique vue. Quant à la cascade, elle forme en tombant de la falaise une grande piscine naturelle aux eaux vert émeraude très engageantes. Malheureusement, j'avais oublié mon maillot de bain!
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Cascade de Djenene
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Samedi est aussi le jour de marché à Siby et les gens viennent de loin, de Bamako comme de la frontière guinéenne, pour y acheter et vendre toute une variété de produits. Ils viennent en minibus bondés, en camions poids lourds, tous entassés à l'arrière sur des montagnes de marchandises, à moto, un mouton sur les genoux (la fête de la Tabaski approche et il y a des moutons partout dans les rues prêts à être sacrifiés), à vélo ou encore à pieds des villages avoisinants. Le marché s'étale tout le long de la grand route et loin derrière jusque sous les arbres qui prodiguent une ombre bienfaisante. Certains vendeurs ont des petits kiosques avec bâche, les plus pauvres sont assis sur le bord de la route. Il y a le coin des vêtements, des tissus, de la ferblanterie, de la quincaillerie, des animaux, des restaurants, des fruits et des légumes, des articles ménagers, de l'artisanat, de la litterie, des pièces d'autos et de motos, des articles agricoles...
Des fillettes se faufilent entre les badauds, un plateau sur la tête, offrant de petits plats cuisinés ou de jus très sucrés, le tout servi dans des petits sacs en plastique individuels. Les petits garçons se promènent en bande, rigolards et prêts à faire des bêtises innocentes. Les femmes marchan-dent durent, les hommes discutent longuement, le soleil darde ses rayons torrides sur les corps luisant de sueurs, mais tous sont d'humeur joyeuse et le marché se poursuit jusque tard en après-midi.