Une des nombreuses plages |
Conakry n'est vraiment pas belle, elle expose sa laideur au vu et au su de tout le monde, sans vergogne : ses grandes rues où déferlent des voitures aux amortisseurs bien fatigués, ses ruelles défoncées qui cachent derrière ses murs rongés par l'humidité des villas qui auraient bien besoin d'un bon coup de peinture, les bas-côtés de terre où toute une foule vaquent à ses occupations, vendeurs de carte orange (pour les téléphones), de baguettes de pain, de café noir et sucré, et puis les enfants qui jouent au foot avec des ballons miniatures, des salons de coiffure tous les trois mètres, des bébés qui vacillent sur leurs pieds, des chiens et chats errants.
Et pourtant, j'aime cette ville qui se veut langoureuse et effrénée, ensorceleuse et vulgaire à la fois. Conakry s'étend sur une longue presqu'île qui se termine en pointe. Et le centre ville se trouve à l'extrême pointe, ce qui fait que c'est l'enfer pour se rendre en ville à partir des banlieues, car toutes les routes convergent en trois voies d'accès princi-pales qui se rejoignent à la pointe. S'il est facile de s'orienter, il n'est vraiment pas facile de se déplacer le matin vers le centre et le soir vers les quartiers résidentiels plus au nord. Mais le site de Conakry, bordé par la mer sur trois côtés est indéniablement de toute beauté, même s'il faut plutôt l'imaginer que le voir. Et c'est là tout ce qui manque à Conakry, une vision et une planification urbaines.
De la peinture fraîche, des trottoirs larges et bordés d'arbres, une promenade le long de la mer, des plages propres, des places carrelées, des enseignes gaies, Conakry a tout le potentiel d'être une grande ville moderne et belle. Mais voilà, la cueillette des ordures fait défaut dans bien des quartiers, les déchets de plastiques envahissent les rues, les routes étroites sont criblées de nids de poule dévastateurs, les murs sont verts de mosissure.
En fait, ce qui fait la grandeur de Conakry, ce sont ses habitants. Ici Peuls, Soussous et Malinkés cohabitent pacifiquement. Les Peuls et les Soussous, surtout, ont le rire facile, l'accueil chaleureux, la courtoisie exemplaires. On se déplace en taxis collectifs. Malgré le trafic intense, les conducteurs sont courtois et disciplinés, rare sont les accrochages même là où on ne voit qu'un grand embrouillamini de voitures qui semblent aller dans tous les sens. Les conducteurs connaissent leur place et pressentent les actions de leurs congénères, c'est assez fascinant!
La volontaire Amélie Côté devant son bureau de la MECREPAG au milieu de la foule d'un port de pêche |
Les nombreux ports sont des lieux d'action trépidante. Mais même là où se cotoient pêcheurs fumeuses, mareyeuses, mécaniciens dans une foule bigarrée de Guinéens et de réfugiés sierra léonais, la foule est joyeuse, le désordre organisé. On ne se sent pas menacé par cette foule et il ne faut jamais se fier au laisser-aller des bicoques qui peuvent cacher des bureaux accueillants, de supers restaurants où des boutiques regorgeant de denrées. Bref Conakry recelle de petits coins agréables qu'il suffit de découvrir. Ceux et celles qui se donnent le temps d'apprivoiser la ville se feront petit à petit séduire par ce que cache les apparences trompeuses d'une ville qui se cherche encore. Moi je suis séduite par Conakr.
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