Les femmes productrices de beurre d'arachide. Derrière, Alain Lafrance et le prix gagné pour le produit. |
Abdoulaye Diarra, volontaire Unitera en commercialisation au CCPA m'attend à la gare routière et m'emmène chez lui pour dîner, Une visite est prévue en après-midi pour rencontrer les femmes productrices d'huile et de beurre d'arachides à Taiba Niassen dans un village avoisinant. En fait, le village est à une heure et demie de route! C'est reparti, cette fois avec Moussa, un membre du CCPA, et un un autre volontaire, Alain Lafrance et sa femme.
L'unité de production consiste en une série de bâtisses et d'aires ouvertes disposées en carré et ceintes par un mur. Les femmes sont là, revêtues de leurs habits multicolores. Elles nous attendent.
C'est l'hivernage, un peu avant les récoltes et tout est au ralenti, donc elles ont le temps de nous parler et de raconter leur merveilleuse histoire. Depuis longtemps, elles produisaient de l'huile, de la farine et de la pâte d'arachide (cette dernière entre dans la composition de la sauce arachide), de façon artisanale, avec de l'équipement manuel qui requiertt beaucoup de forces de bras, de sueur et de temps.
La nouvelle presse électrique |
La vieille presse manuelle |
À travers le partenariat avec Uniterra, l'unité s'est peu à peu dotée d'équipement plus moderne qui venait d'être installé lors de ma visite. Les productrices ont raffiné leur huile et se sont mises à faire des savons. Mais la production d'huile semble avoir atteint un plafond, la demande ne suit plus l'offre au Sénégal. Dès lors il fallait trouver un autre produit pour diversifier la production. C'est là que le volontaire Alain Lafrance est entré en jeu, introduisant la production de beurre d'arachides tel qu'on le connaît au Canada. Un beurre crémeux, légèrement plus sucré que le nôtre pour satisfaire la dent sucrée des Sénégalais et au taux d'antifloxine très en deçà de la norme, ce qui est plus que bien. Les premiers pots de beurre d'arachide ont obtenu toutes les approbations nécessaires lors d'une batterie de tests dans les laboratoires pour produits alimentaires.
Cependant, il manquait encore un accessoire majeur pour se lancer dans la production en grand, l'approvi-sionnement direct en eau. En effet, les femmes devaient porter de lourds seaux d'eau depuis le village jusqu'au site de production. Comme l'unité est située un peu à l'écart du village, il fallait que la municipalité construise un aqueduc pour amener l'eau jusque là. Mais quelle ne fut notre surprise de découvrir en arrivant un robinet installé dans l'enceinte, apportant ainsi l'eau courante directement du château d'eau du village!
Bien sûr cette belle histoire ne s'est pas réalisée en un jour et les femmes ont dû travailler d'arrache-pieds pour réussir. Il y a eu un manque de fonds de démarrage pour acheter des arachides de qualité, bien des tests de cuissons et - comme toute cuisinière apprentie le vit - des fournées d'arachides trop cuites ou trop crues, un manque de suivi de l'entretien des machines contribuant à l'éclosion d'une multitude de vers blancs, l'utilisation de vieille presse à bras, etc. Bien des fois, elles auraient pu abandonner, vu la difficulté de l'entreprise, mais pas une d'entre-elles n'a baissé les bras.
Aujourd'hui, un nouveau produit ne demande qu'à être lancé sur le marché sénégalais. Mais il faudra encore un ou deux volontaires spécialistes en commercialisation et marketing pour convaincre la population de manger du beurre d'arachide sur sa baguette le matin! Je suis prête à parier qu'à mon prochain passage au Sénégal, je trouverai du beurre d'arachide de Kaolak sur les tablettes des marchés locaux!
La route du retour ne m'a pas paru longue et malgré le fait qu'il était tard et que j'avais passé 7 heures dans des transport sous une chaleur accablante, je n'arrêtais pas de me dire combien cette journée avait été bonne et heureuse!
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