jeudi 23 septembre 2010

Le bout du monde ... sénégalais


Je suis assise dans un restaurant en plein air, un succulent doré grillé dans mon assiette. Devant moi, le fleuve Gambie, gorgé par les récentes pluies, se rue vers la mer en rongeant les rives d'anxiété. Je suis à Kédougou, la dernière ville à l'est du Sénégal.

Depuis Kaolak, je suis sur la route tous les jours, en taxi sept places. Je fais mes armes : le premier trajet, j'ai pris une des trois places arrières, connues pour leur inconfort et manque d'air. Alors j'ai acheté deux places. Heureusement, ou peut-être à cause de ça, j'ai eu comme voisin un énorme, que dis-je un obèse Sénégalais (sa femme, tout aussi grosse, occupait la deuxième rangée ou elle étalait généreusement ses chairs sur les deux pauvres hommes qui partagaient la banquette avec elle)! Le trajet d'après, j'étais au centre de la deuxième rangée, la fois d'après, pour un dollar de plus, j'ai eu la place avant, ce qui m'a valu un super coup de soleil sur le bras droit! Aujourd'hui, au départ d'un petit village, je ne trouvais pas de transport, alors je me suis fait embarquée, gratuitement, par le chauffeur d'une camionnette 4x4 de livraison de cigarettes, accompagné dans sa tournée par son patron.

Retour en arrière. Le dernier jour à Kaolak, j'avais rendez-vous avec un membre du CCPA pour compléter ma documentation sur la production des arachides. La nuit d'avant, le ciel qui suppurait péniblement depuis plusieurs jours a finalement crevé l'abcès et déversé un déluge d'eau. Le matin, il pleuvait encore assez fort, mais je me suis préparée pour me rendre au bureau. La maison était calme, Abdoulaye ne semblait pas vouloir se réveiller. Huit heures, neuf heures, je réveille Abdou qui me dit "va te recoucher, il pleut" ???!! 
Hé oui, ici quand il pleut, les routes sont impraticables, même dans les villes où la majorité des rues ne sont pas pavées. Plus tard, je suis allée travaillée, mais personne n'est venu troubler ma tranquilité.

Enfants du village malinké

J'ai pris la route en direction de Kédougou, mais je me suis vite aperçue que je ne pouvais supporter plus de quatres heures de route à la fois, non pas à cause de l'inconfort des transports, mais bien de la chaleur. Alors je me suis arrêtée à Tambacounda, une ville qui ne ressemble à rien, un étalement de bicoques le long de la nationale, amoncellement sale de boue, de tôles, de déchets... Mais la campagne envionnante est belle, des champs verts à perte de vue, traversée par des chemins de terre rouge . Le vert est tendre, comme les herbes et feuilles nouvellement nées au printemps chez nous, mais le rouge est riche et profond. Après Toumba, je traverse le parc Niokolo Koba et m'arrête dans un campement écotouristique à Mako, au bord du fleuve Gambie. Je suis la seule touriste. J'ai droit à une grande case, ventilée et électrifiée grçace à des panneaux solaires. Le fleuvre coule devant, les oiseaux piaillent, jacassent et criaillent dans les arbres, éclairs de jaune vif, turquoise foncées, rouge vif. La salle à manger est une grande case aux murs ouverts, un enfant court partout, un chien s'est assoupi sur une chaise, les canards se dandinent sous la table, enfin les vacances.
 
Ma case au campement Keur Annick à Mako

Avec un guide, nous allons visiter un village malinké plus loin sur le fleuve et non accessible par voiture. Les toits pointus des cases s'élèvent ici et là à travers les arbres. Au village, les enfants m'accueillent avec plaisir, en fait partout où je vais les gens sont super sympas et je ne me fais jamais embêtée. Au contraire, si je cherche quelque chose, ils m'aident tout de suite, et si je ne demande rien, personne ne vient me déranger dans ma quiétude.

Mais il continue à faire chaud, même les Sénégalais se plaignent, la saison des pluies s'étire (il ne pleut que la nuit) et la fraîcheur de l'automne tarde à venir. Je suis dans un café internet qui ne paye pas de mine, ni de l'extérieur ni de l'intérieur, mais les ordis sont modernes et performants. Je suis trempée en permanence, mais le plus possible j'alterne les hôtels chics (lire avec air climatisé et tout le confort qui vient avec et tout l'argent qui part avec...) avec les campements confortables mais avec pour seul aération un ventilateur qui peine à trancher l'humidité épaisse de l'air ambiant.

Demain je pars avec un guide, chauffeur et voiture 4x4 explorer les environs et le pays Bassari, nous allons faire du trek (le chauffeur nous attendra à certains points de rencontre) et dormir chez l'habitant dans des villages bédik, bassari et autres peuplades locales. Retour dans trois jours retrouver ma chambre climatisée avant de me diriger vers la Guinée.

Jeune vendeuse de thé à la gare routière de Kaolak



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